Ce texte de souvenirs n¹a que la prétention de stimuler vos neurones et
d¹ouvrir des petites cases dans des mémoires surchargéesS j¹ai pris plaisir
à l¹écrire, cependant il peut contenir des erreurs de personnes de date
etcSj¹ai eu je l¹avoue , parfois quelques difficultés à me souvenir de la
présence ou de l¹absence des participants aux différentes journées ,
pardonnez- moi ces imprécisions ceci à n¹en pas douter est dû à mon âge
avancé , toutefois ces lacunes cérébrales ne doivent pas laisser espérer à
certains ( des noms , des noms S) que j¹ai renoncé à tous défis , j¹attends
de pédale ferme les hardis imprudents qui se laisseraient aller à des
rêveries.
Le séjour dans les Alpes . AOÛT 2010-

Pour évoquer notre escapade alpine je préfère employer le terme de « séjour
« en comparaison avec « l'aventure »qui nous a entraîné en voyage à travers
la chaîne pyrénéenne en 2009 , et je m' explique brièvement .
Bien que le parcours fût à mon sens aussi physique , sans chercher à
comparer les deux massifs ,je pense que la contrainte d¹avoir chaque jour à
rejoindre une étape quelles que fussent les problèmes ,de fatigue , de météo
etcSa été un challenge différent et plus aventureux, ce qui ne déprise pas
oh combien ! les difficultés que nous avons affrontées du côté de
Barcelonnette. 
Si je peux me permettre une allitération parlante je dirais que nous avons
passé neuf jours « collés à l¹école des cols » et quelle école !!! la
grande , la supérieure , la polytechnique de la montagne , les cols les plus
hauts d¹Europe étaient là pour les leçons quotidiennes.
Difficile bien sûr , très difficile de faire passer par les mots les
incomparables images les couleurs les lignes qui dessinent et font vivre ces
sommets dont les pointes gratouillent le bleu du ciel et où s¹effilochent
les nuages .
Les différentes nuances de vert des prairies ,des forêts le bleu du ciel si
pur en ces hauts lieux , le chatoiement de la lumière sur le gris des roches
dans les falaises et les sommets bref un artiste serait plus à même de
retranscrire tout ça ; mais rien ne vaut un séjour sur place .
Une sympathique équipe de batraciens était au rendez-vous fixé cet hiver ,
qui avec ses chaussures de marche , qui avec son vélo , qui avec ses
bouquins , on avait aussi fait suivre les boules de pétanque , mais l¹air de
la montagne ne semble pas tellement leur convenir , je n¹ai pas entendu un
carreau !!
Entre nous soit dit le programme concocté par Christian laissait peu
d¹espoir aux amateurs de farniente et pour jouer aux boules il faut du temps
libre , et le notre était trop occupé .

SAMEDI 31 JUILLET 2010

Rendez-vous était pris au gîte « les terres blanches « pour le début
d¹après-midi du samedi 31 juillet et pour les plus affamés (de vélo) il est
déjà temps de se préparer ; une petite sortie est au programme afin de
dérouiller les articulations ankylosées par les deux ou trois heures de
voitures qui nous séparent de notre mare !!
Les camping-caristes Jean-Pierre Josette Arnaud, Edwige et moi-même, sur
place la veille ne sont bien entendu pas en retard pour cette mise en
jambes.
À l¹approche du mois d¹Août la météo généreuse emplit les vallées alpines de
chaleur ce qui nous satisfait pleinement .
Tout le monde n¹est pas encore arrivé au gîte , d¹autres se réservent pour
le lendemain ce qui fait que nous nous retrouvons huit au départ de cette
première balade ; il y a là Arnaud Jean-Pierre , Isabelle , Christian ,
Charly , Jacky , Philippe , et moi .
Le col st.JEAN tout proche et peu pentu nous tend les bras , on s¹y
engouffre tranquillement , il faut garder la tête froide et les jambes
alertes , la semaine ne fait que commencer !!!
Pour accéder à ce col on démarre du parking de MÉOLANS , une courte mais
vive descente amène le groupe sur le pont qui enjambe l¹UBAYE , un fameux
torrent qui prend naissance quelque part là-haut du côté du col du Longet
et où de téméraires estivants se rafraîchissent descendant les rapides en
rafting .
Nous devons emprunter la route qui dessert BARCELONNETTE sur la première
partie du parcours, et la circulation entame un peu notre plaisir .
Depuis LE LAUZET D¹UBAYE on monte régulièrement tandis que le torrent en
contre bas s¹enfonce dans les gorges qui le conduisent à la retenue de
SERRE-PONçON ; oh , ce ne sont pas des gorges aux abrupts vertigineux , mais
quand on regarde vers le bas c¹est profond quand même !!
A mi pente un carrefour écrème la circulation vers GAP et nous poursuivons
l¹ascension plus tranquilles , le col se passe allègrement puis on redescend
assez vite vers SELONNET qui doit nous ouvrir la route du col de FILLYS :
hélas la route est barrée . Je dis hélas , mais je crois a posteriori que ce
fut une salutaire opportunité qui raccourcît un tant soit peu la sortie ce
que je ne regrettai pas du tout !
On décide de prendre la direction de SEYNES et de remonter le col ST JEAN
par un autre versant ; je remplis une gourde à une des nombreuses fontaines
qu¹il y a au village ainsi que dans toute la région et qui ne nous
laisseront quasiment jamais en panne d¹eau sur les parcours de ce séjour .
La sortie de SEYNES est brutale , le col ST JEAN de ce côté-ci est un peu
plus dur, la route ressemble à un escalier dont les marches sont adaptées
aux pas de géants , on tire la langue d¹un giron à l¹autre , il fait chaud
!!!
Le petit groupe s¹éparpille , chacun son rythme dans les difficultés ; j¹ai
noté cependant une attaque très incisive de Charly et moi-même qui prenons
la tête des opérations à la faveur d¹une légère descente , quel punch !!
Il n¹y a pas à dire en descente on se défend !!
Puis tout est rentré dans l¹ordre à la montée suivante , Christian et
Philippe caracolant au devant , je crois bien que les moteurs sont
différents !!
Finalement après quelques photos au col on décide de rentrer pour ne pas
être trop en retard au repas du soir , cette première sortie fera environ 70
km et suffira amplement à la mise en jambes et il faut encore franchir le
raidillon d¹arrivée. !!

Au retour ce sont les retrouvailles avec le reste du groupe ,je vais éviter
la fastidieuse litanie des prénoms qui nous est familière mais que chacun se
sente ici reconnu et salué !
L¹apéro réunit tour le monde sur la terrasse des « Terres Blanches »
certains gouttent les délices de la bière au génépi sans que cette
spécialité locale ne provoque d¹enthousiasme particulier.
Hubert était passé tôt ce matin dans un coin de son jardin pour égrener
quelques pieds de tomates cerises et Edwige propose ses fameuses pizzas ,
tout ça disparaît rapidement , l¹air de la montagne ouvre les appétits .
Il fait tout juste doux au soir tombant , nous devrons nous habituer au
petit vent de fin de journée , c¹est apparemment le régime météo de ces
vallées.
La table est mise dans une petite salle où nous occupons la moitié de la
place disponible , les jeunes hôtes sympathiques ont préparé un repas
correct mais sans originalité ; en tout cas il ne m¹a pas laissé un
impérissable souvenir !!
Une salade verte , des lasagnes trop garnies et trop grasses ( pour moi )
une pâtisserie banale , on a connu bien mieux , mais vrai , on n¹est pas ici
pour la gastronomie !
Ça discute dur autour de la table et le temps passe si vite que Jean-Pierre
et moi qui avons réservé au camping voisin devons abréger la soirée car la
barrière tombe à 22 H au « Camping-River » ; ceci est un excellent prétexte
pour se coucher de bonne heure car demain commencent vraiment les hostilités
avec l¹IZOARD !!

DIMANCHE 1er AOÛT 

Changement d¹effectif pour cette première grosse journée , Jean-Pierre et
Arnaud manquent au rendez-vous , le groupe se complète avec Amador , Jojo .
Le col de l¹Izoard n¹est pas à portée de vélo au départ de Méolans pour
les amateurs que nous sommes , il faut compter une heure de voiture pour
arriver à Guillestre où sera le point de départ de cette sortie .
Le temps est au beau fixe il n¹y aura pas d¹inquiétude de ce côté ; le tour
fait une centaine de km avec pour seule difficulté prévue ce fameux Izoard
qui culmine à 2361 mètres
Départ vers neuf heures des terres blanches pour découvrir cette merveille
!!
La route qui nous conduit à Guillestre emprunte jusqu¹à Savines une partie
du « tour du lac « la sortie dite de récupération prévue pour le lendemain
et qui nous réserve des surprises !
Un peu avant Savines on est scotchés dans la circulation
évidemment très dense de ce premier jour des vacances aoûtiennes , ça se
dégage après le bled puis aux abords de Guillestre on est à nouveau ralentis
mais ce coup-là c¹est pour la bonne cause puisqu¹il s¹agit de laisser le
passage aux concurrents de la cyclo : RISOUL-VÉRAN un de ceux-ci nous est
d¹ailleurs connu puisqu¹il s¹agit du speaker de radio LYON-BRON , S.eh oui
c¹est le RAOULET comme dit Christian !!
Dans un rond-point au sortir du village un parking ombragé nous accueille il
est bordé en contrebas d¹un ruisseau dont l¹eau fraîche , très fraîche ,
servira de frigo pour les bouteilles prévues pour l¹arrivée . Le soleil est
déjà bien haut et bien chaud quand on se met en route vers le mythique
sommet .
Plusieurs groupes de la cyclo sont passés à un rythme rapide devant nous
sans que l¹on reconnaisse le lyonnais d¹Auvergne . Nous voici donc partis
aux alentours de onze heures .
La route monte doucement à la sortie de Guillestre sur deux à trois bornes ,
puis ça redescend quand on passe dans les tunnels , je ne suis pas rassuré
, la chaussée est mauvaise , ça tourne , il y a pas mal de circulation ,
j¹ai toujours de l¹appréhension , je crains les nids de poules ou les
pierres on n¹y voit goutte dans ces tunnels bref je respire quand c¹est fini
!!
On emprunte maintenant le fond de la vallée , une portion de route presque
plane qui longe le « Guil » un torrent dont le cours est assagi et calmé au
pied de la montagne et qui ira grossir la Durance , le vent thermique déjà
établi nous pousse gentiment , Christian . Philippe et Charly se chargent de
mener le train , lorsque il y a en point de mire un groupe de vélos bien
entendu ça accélère , on passe ainsi des italiens qui aussitôt embrayent à
notre suite .
Quelques centaines de mètres plus loin une vive montée nous fait
littéralement changer de niveau après deux belles épingles , c¹est le
premier palier , juste pour bien nous faire comprendre que le problème qu¹on
s¹est posé aujourd¹hui va être pénible pour nos gambettes et qu¹il va
falloir s¹habituer à quelques difficultés . La pente devient moins ardue
ensuite jusqu¹à l¹embranchement qui mène à la frontière italienne tout droit
ou bien à Briançon à gauche .
À gauche toute donc et nous voici définitivement dans la direction de
Briançon avec passage obligé par le col de l¹Izoard qu¹aucun de nous n¹a
encore franchi en vélo ; le paysage a changé les prairies nous encadrent
maintenant de part et d¹autre de la route , nous avons quitté la vallée ça
grimpe gentiment .
le groupe cependant commence à se désagréger sous l¹impulsion des gars
qu¹on a dépassé et qui remontent sur les moins rapides d¹entre nous . Une
longue ligne droite qui n¹en finit pas , qui casse l¹impression de relief
amène les premiers signes de fatigue au passage d¹Arvieux petit village
développé vers les sports qui attirent les laborieux citadins au c¦ur de ces
majestés alpines .
Jacky grisé sans doute par l¹ivresse des sommets , n¹a pas encore mis tout
à gauche , je passe à côté et je lui en fais la remarque , mais apparemment
c¹est un problème de dérailleur et il doit s¹arrêter pour passer la chaîne à
la main à l¹approche des premiers virages serrés qui marquent le début de
l¹ascension sous le couvert de la forêt .
Il reste dans ma mémoire le souvenir désagréable de ces énergumènes à moto ,
je ne leur accorde pas pour ma part le nom de motard qui sied aux amateurs
de ce mode de déplacement , non ce sont bien des énergumènes égoïstes et
dangereux donnant trop libre cours à leur soif de vitesse et de bruit sans
respect pour les autres usagers de la route dans un vrombissement de
décibels effrayant qui me glace à chaque passage .
Franchement ce n¹est pas le lieu pour ce genre de défoulement , il existe
pour ça des circuits adaptés et sécurisés , ici c¹est la montagne la nature
le calme autant que faire se peut , le partage d¹un milieu privilégié à
préserver S et nous sommes en plein effort physique ce qui nécessite de la
concentration , beaucoup de concentration , car ça monte très dur dans la
forêt jusqu¹à CASSE DÉSERTE lieu emblématique de la haute montagne dans sa
symphonie minérale.
Je m¹arrête là autant pour quelques instants de repos que pour la beauté de
ce site impressionnant , et je ne suis pas le seul , le parking bordant le
virage du lieu est plein à craquer , c¹est un départ de sentier de randonnée
fréquenté ; Isabelle et Charly admirent aussi le décors en attendant Jacky S
on peut observer en contrebas un petit névé ce qui signifie qu¹on a quand
même bien progressé en altitude .
Cet endroit se trouve à environ deux km du sommet et présente la
particularité d¹ouvrir la route sur une brève mais vive descente qui
commande le final de l¹ascension , la température a bien chuté depuis
Guillestre et il ne fait pas bon s¹attarder à rien faire dans notre tenue de
cycliste et dans la transpiration ; les 500 mètres de pente ne suffisent pas
à donner l¹élan pour franchir les 1500 derniers qui nous séparent encore de
la ligne du G P M dans cet ultime coup de cul , après la stèle honorant
Fausto COPPI et Louison BOBET je remonte sur un gars qui me demande comme en
perdition : « vous avez quelqué sauze à manzer » , je m¹exécute , et me
soulage d¹une barre entamée bien que la sollicitation me paraisse saugrenue
car ce n¹est pas le moment en plein effort de s¹alimenter , enfin c¹est ce
que je crois.
C¹est un italien,trahi par son accent ; bon c¹est le beau geste de dépanner
un nécessiteux mais c¹est vrai , il est vain d¹espérer un élan équivalent
en remerciement ; arrivé en haut où je me trouve depuis un moment , le
gugusse passe devant moi dans un mépris
superbe et va tranquillement rejoindre la troupe des ses copains qui
l¹attendent à la terrasse du petit snack sans un regard pour l¹Auvergnat que
je personnifie ici ( sans prétention cependant) et à qui l¹ami Georges a
dédié une chanson , bof , autres temps autres m¦urs S.
On immortalise le passage du club sur la numérique et virtuelle pellicule et
c¹est enfin la descente vers Briançon , les lacets du haut assez serrés
calment la fougue des cyclistes pressés d¹atteindre l¹altitude où la
température va se montrer plus clémente et réchauffer un peu les muscles mis
à mal par cette montée mais glacés par la descente où tout pédalage est
inutile , je rappelle que nous sommes montés à 2361m et là-haut c Oest très
mal chauffé !!
Notre petit groupe s¹arrête dans un hameau , je crois que c¹est « le Laus »
pour remplir les gourdes à une fontaine dont l¹eau est glaciale ce qui ne
surprend personne , puis on poursuit le trajet sans anecdote notable jusqu¹à
Briançon dont nous ne visitons que les faubourgs éloignés pour rejoindre au
plus court l¹axe qui suit la Durance .
La descente continue le long de la vallée , chacun vide ses poches des
provisions de barres pour récupérer et c¹est sur cette reposante portion du
circuit après une grosse vingtaine de bornes que se trouve la verrue du jour
: un raidillon de mille à quinze cents mètres avec un pourcentage à faire
regretter les problèmes posés par le col de l¹Izoard !!!
Las ,je m¹écroule lamentablement et laisse le vélo monter quasiment tout
seul , enfin non je ne suis pas tombé , mais épuisé , les maigres forces
utilisées depuis longtemps déjà , je pense que j¹ai mentalement refusé cette
difficulté et que j¹ai subi la violence de l¹effort qu¹elle m¹imposait (
ouais c¹est un peu de la psychologie bas de gamme je l¹admets , bon passons
!)
Il faut remplir à nouveau les bidons , au village perché de Champcella il y
a tout ce qu¹il faut , différentes fontaines pour le choix et les plus futés
trouvent même un abricotier pour satisfaire leur gourmandise ; la descente
est aussi raide que la montée et un sérieux vent de face vient ajouter la
touche qui manquait pour durcir cette fin de sortie .
Pas mécontent d¹arriver à Guillestre , la chaleur est revenue , la dernière
montée et voici les voitures et surtout le casse-croûte que je déguste avec
délices !! comme c¹est dimanche je m¹accorde un café à la terrasse du café
où toute la bande s¹est réuni pour clore cette belle première journée .
Retour au bercail c¹est assez pour aujourd¹hui .

LUNDI 2 AOÛT 

La voilà l¹étape de récupération , cette sournoise gentillesse ou ma naïveté
est à nouveau mise à mal il est vrai que je rêvassais aux bords calmes des
rives d¹un lac aux promenades ombragées ,aux clapotis engageants de l¹eau où
l¹on ferait trempette voire qu¹on y admirerait ( en tout bien tout honneur)
quelques naïades alanguies bronzant au soleil généreux des vacances sur la
plage d¹une crique discrèteS.attendant pour applaudir le passage des
sportifs et apprécier leur prestance , vous voyez le tableau , et bien
entendu rien de tout ça ne nous attend !!
Partis en descente du Lauzet dans la fraîcheur matinale , on va vite se
réchauffer car il faut affronter après avoir franchi l¹Ubaye, la bosse qui
conduit à Sauze du lac et ce n¹est déjà pas un cadeau , je sais qu¹on
rentrera par la Bréole où l¹on a campé avec mon frangin vendredi en arrivant
dans la région , et il y a là aussi une gentille montée ,S en fin de
parcours donc . 
Ça sent le piège à plein nez cette affaire la récupération va être active ,
très active !!au village on a un point de vue panoramique sur le paysage
lacustre que les plus rapides prennent le temps de contempler en attendant
le reste de l¹équipe . Jean-Pierre est parti ce matin pour prendre l¹air du
Cantal il ne « jouira » plus des « plaisirs » de la région !!
Ça descend ensuite vers Savines , un petit arrêt pour voir ou revoir les
étonnantes « demoiselles coiffées » que chacun connaît et dont la
sculpturale et virginale beauté est un défi au temps car la première fois
que je les ai vues remonte à une quarantaine d¹années et à l¹époque
c¹étaient déjà des « demoiselles » alors messieurs les massifs , une visite
n¹engage à rien , craindrait-on de tomber amoureux dans les montagnes!!
Ouais c¹est mauvais , tant pis c¹est écrit , bon vite le lac , le lac ; et
bien on y arrive enfin en l¹enjambant sur le pont à la sortie de Savines ,
il y a naturellement pas mal de circulation qui appelle à la prudence car
les bagnoles ont tendance à nous serrer contre le trottoir alors que roulons
en file indienne pour rejoindre l¹autre rive .
Il y a là un embranchement , il faut se concerter pour l¹itinéraire et
accessoirement soulager les vessies de quelques-uns ; la route la plus large
et la plus évidente part à gauche, mais notre itinéraire lui passe à droite
eh bien allons-y . Il n¹y a pas de doute ça grimpe donc c¹est par là !
St Apollinaire, petit bled inconnu au nom pourtant lui très célèbre évoquant
l¹éternelle poésie S mais que n¹a-t-on appelé cet endroit « ste souffrance »
tant la minuscule route qui y conduit vous pousse dans les retranchements
ultimes de vos capacités , du moins en vélo !! ah pour y aller en vélo il
faut aimer le vélo mais trop souvent vous en dégoûterait bref le tour du lac
nous a conduit vers des sommets de difficulté rares , très rares .
Il y avait même une option qui n¹a séduit personne , c¹est la montée
jusqu¹au lac eh oui car il y a un lac de st Apollinaire ; au fond c¹était
peut-être ça le tour du lac peinard je me mets à douter maintenant S.
Prochaine étape Chorges , et st Apollinaire Chorges ça descend tant qu¹on se
demande comment ils ont trouvé une si longue pente qui semble ne pas avoir
de fin ? À Chorges nous récupérons l¹ami Amador qui a fait le tour en sens
inverse ; direction Espinasses à présent via le léger col Lebraut situé tout
de même à 1110 mètres mais qui ne présente guère de difficultés à l¹équipe
du Val de Cèze . Ce col domine aussi le lac et il est temps pour tous de se
sustenter tout en profitant du superbe décors . En fait on se trouve à cet
endroit face au village de Sauze d¹où nous avons déjà découvert cette vue
dominante sur le plan d¹eau ; ça repart en descente agrémentée d¹une
crevaison pour Jurek ou Philou ( ici ma mémoire est infidèle) mais il y a
une assistance efficace dans ce groupe et le pauvre ne reste pas longtemps à
gémir au bord de la route ,
À défaut de chemises, on repasse S la Durance devant l¹Hôtel , c¹est le nom
du petit hameau jouxtant Espinasses puis le piège se referme et c¹est la
longue , la très longue montée de la Bréole dans la chaleur et la fatigue .
Jacky a son compte de crampes il doit ralentir la cadence ; on rejoint plus
haut Hubert et Roger qui ont zappé le raidard de st Apollinaire , ils font
une pause à l¹abri de ce qui paraît être un arrêt de car . La descente n¹est
amorcée qu¹au passage du carrefour qui mène à droite au col st Jean , ou à
gauche pour nous vers le Lauzet-Ubaye où les voitures somnolent .
Douches et apéro en attendant le repas ( les bières sont au frais dans le
petit ruisseau au dessus du parking !)


MARDI 3 AOÛT

Aujourd¹hui pas de surprise , ça devrait être du casse pattes et je ne me
fais aucune illusion , les rêves de circuits plats ont déserté mon esprit ,
j¹ai bien récupéré et je suis prêt à faire face aux méchancetés locales et
il y en aura !!
Le départ est prévu du coté de la Bréole pour attaquer le col de Fillys ,
col de moyenne montagne sans prétentions apparentes , et de toutes façons il
faut se réserver car demain c¹est le gros morceau , aujourd¹hui on fait du
jus !! il fait une petite fraîcheur encore ce matin , ça revigore les
sportifs d¹accord , mais quand on attaque à froid la montée de Charamel ,on
a vraiment l¹impression de s¹être fourré dans une galère . D¹entrée c¹est
du brutal , du violent , du masochisme cycliste , se retrouver ainsi
quasiment au saut du lit coincé entre l¹obligation de monter sous le couvert
des arbres une pente « Cratoulesque » et la chute arrière ( j¹exagère un peu
, pour Mimi ) c¹est un dilemme dont je me serais passé , le petit déjeuner
bloqué quelque part entre le pylore et le duodénum .
La route est toute petite , pas en très bon état , Amador et J
acky sont à la peine comme moi, oh ce n¹est pas long , peut-être mille ,
quinze cents mètres mais ça laisse des souvenirs et au fond on est aussi là
pour ça Salors roule . On est tous bien chauds en arrivant sur le plateau ,
le col est franchi un peu plus loin après une série de casse pattes .
Descente sur la vallée de Selonnet où c¹est encore le temps des fenaisons ,
on est en altitude , ça décale les saisons .j¹apprécie cette magique odeur
d¹herbe fraîchement coupée qui enchante les narines et me ramène toujours du
coté d¹Annecy où j¹ai passé quelque temps de ma jeunesse , bon ça
n¹intéresse personne , mais les parfums qu¹on trouve dans ces prairies
alpestres laissent à jamais des traces dans la surprenante mémoire olfactive
. Et les tableaux que dessinent les mille fleurs de ces lieux , quel décor
!! mais où est le peintre évoqué plus haut ??? enfin je crois qu¹Isabelle a
pris des photos Sc¹est toujours ça !!
Portion de plat jusqu¹à Selonnet et plus loin à l¹approche du col des
Garcinets que l¹on atteint par une chaussée en mauvais état , mais c¹est une
toute petite route et il est vrai que la circulation automobile ne nous a
guère gêné . Gênés , on ne l¹a pas été non plus par les cyclistes y compris
ce hollandais dépassé au pied du final et avec qui on a échangé quatre mots
en haut tandis que Philou maçonnait à sec un mémorial au bord de la route
avec de curieuses pierres en forme de pointes .
La descente vers Turriers s¹effectue rondo , je me paye même le luxe d¹une
bagarre au sprint avec le teigneux Charly en arrivant au village , à ce
rythme on ne regarde guère les panneaux et on embarque le groupe hors de
l¹itinéraire ce qui me vaut une sérieuse admonestation de la part de
Christian qui c¹est vrai s¹est donné la peine de nous fournir à tous un
document avec le tracé de la sortie , alors je n¹ai pas d¹excuses !!
Quelques centaines de mètres plus loin la petite route se dresse devant nous
tel un crotale excité et il faut s¹extraire de deux à trois lacets en
mettant tout à gauche pour savourer le plaisir de passer au col des Sagnes
.
On s¹éloigne de là en s¹enfonçant dans de pittoresques gorges , la route
semble par endroits être en surplomb des falaises , ça vaut le coup d¹¦il et
bien sûr la photo . En bas à Bayons , à l¹ombre d¹énormes arbres se trouve
la piscine municipale , enfin plutôt la fontaine municipale , mais je crois
que dans notre groupe il y en a qui ne font pas trop la différence hein
Jurek !! bof , on boit un coup et ça repart en direction du col de Grèle
La journée est déjà avancée , et passé Clamensane on décide de raccourcir au
grand dam d¹Isabelle à qui ce col fera vraiment défaut , mais ce ne sera
pas un sentiment partagé par la majorité et la fatigue commence à se faire
sentir pour certains , la raison l¹emporte.
On remonte alors face à un petit vent dans une large vallée où la culture de
fruitiers paraît être assez intense , il y a aussi pas mal de céréales
,notamment au col de Sarrault qui se résume à un long faux plat on s¹arrête
là un moment à attendre Jacky qui arrive exténué , perclus de crampes et
quasiment poussé parSAmador .Il est temps de rentrer .
Il nous reste une bonne douzaine de bornes avec pour conclure la montée par
la Bréole , on dira que pour aujourd¹hui ça suffit pour tout le monde
vivement la douche et le repos .

MERCREDI 4

C¹est l¹étape du tour 2008 qui est au programme et je ne sais si l¹humeur
maussade de la météo pèse beaucoup dans la décision de ceux qui boudent
cette invitation mais il est vrai que ça se gâte un peu du côté du ciel . Un
moment il a même été question de décaler la sortie d¹un jour ou deux mais il
n¹est pas si simple de chambouler un programme sportif dont le déroulement a
été réfléchi pour arriver , en théorie tout au moins , à un pic de forme un
jour « j » et puis le temps pourrait se dégrader encore bien que ce ne soit
pas la tendance .
Quatre fameux mousquetaires s¹alignent donc pour honorer le contrat « moral
» passé avec les hautes instances du club et surtout pour voir de quoi il
retourne dans cette impressionnante « mission » ; trois cols sont à
l¹affiche dont deux très difficiles : la Lombarde et la Bonette . Le premier
, le col de l¹Arche est abordable mais viendra peser dans la fatigue
accumulée au long des 160 km de la grande journée !!
On file au petit matin ( 9h environ) ben ouais c¹est l¹heure d¹un petit
déjeuner tardif tranquille un jour de vacances quoi ! on file dis-je à
Jausiers pour se garer sur une placette où il y a une énorme publicité pour
le TOUR qui est à coup sûr un événement majeur dans la région . Les poches
chargées au maximum, le moral dopé par l¹altitude sans doute , on s¹élance
calmement vers ce qui sera pour tous une rude journée !!
En principe le col de l¹Arche n¹est pas accessible aux vélos comme à
d¹autres véhicules lents auxquels nous sommes assimilés ( charrette à cheval
y compris !!) il y a en effet une zone d¹avalanche de pierres surveillée par
caméra je crois , et cette zone englobe une portion de la route qu¹il faut
pouvoir évacuer rapidement en cas de risque .
Nous partons confiants dans notre pointe de vitesse et puis les casques sont
peut-être efficaces , bien que je pense qu¹aucun de nous n¹avait envie de
tester ce point de détail !!
Le circuit débute par un faux plat assez court , histoire de ne pas
s¹habituer à la contrainte de la veille ( le col de Fillys !) et on
s¹échauffe doucement aux rayons d¹un timide soleil en grimpant sans forcer
l¹allure la pente relativement régulière du col de l¹Arche qui emprunte une
large vallée à l¹activité pastorale évidente.
Toutes ces vallées d¹altitude sont le territoire des sympathiques marmottes
que l¹on entend siffler à qui mieux mieux , je vous le remémore pour se
remettre dans l¹ambiance !
Ainsi donc tranquillement on remonte l¹UBAYETTE dont la ou les sources se
devinent lorsque on arrive au col . Ce n¹est pas très aménagé en haut, on
dirait un grand parking de terre battue ,dans un endroit est élevée une
énième stèle au campionissimo qui nous attend pour la photo . ( la stèle
bien entendu !!) Une allégorie à l¹honneur de Fausto est affichée sur la
pierre , Christian tente de nous initier aux charmes de la langue italienne
dans laquelle sont à coup sûr narrés les multiples exploits du coureur mais
le Jeannot n¹a pas suffisamment insisté et les lacunes du traducteur ne nous
permettront pas de revivre la gloire passée . Il ne fait pas si chaud , on
se couvre pour prendre la descente et y découvrir les fameux virages
numérotés théâtre des « prouesses » des chauffeurs de poids lourds italiens
qui débouleraient en dérapage contrôlé en rentrant à vide au pays . ?!!
Eh oui je ne vous l¹ai pas dit , nous sommes en Italie !! o sole mio S la la
la S jolie chanson , l¹inspiration n¹en vînt certes pas d¹un jour aussi
couvert qu¹ aujourd¹hui , le soleil est à l¹abri derrière un voile nuageux
qui limite son impact ce dont on ne se plaint par ailleurs qu¹en descente .
Juste après les fameux virages , la route est bordée de maisons abandonnées
,toitures de tôles rouillées , ouvertures béantes en chantier etcS quand
je dis : « maisons » il s¹agit apparemment plutôt d¹un grand programme
immobilier inachevé genre station de sports d¹hiver . De cet ensemble , dans
cette situation de montagne , ressort l¹impression d¹un paysage fantomatique
au délabrement inquiétant , on n¹ y a croisé que quelques rares voitures ;
comment peut-on lancer et stopper de tels projets ?? Ma foi , (mafia)je me
pose encore la question .
Bon ça descend , la route est large, l¹air frisquet du col a laissé la place
à un vent soutenu ( un thermique) qui nous fait face jusqu¹à l¹intersection
de Vinadio direction la frontière française déjà , via le col de LOMBARDE
dont la réputation n¹est absolument pas surfaite !!!
La chaussée a rétréci de moitié au moins , on fait là une courte pause
ravito et hot-k-way ( c¹est un terme américano-cévenol) puis chacun passe la
première pour attaquer cette redoutable montée ; au pied du col est niché un
petit village dont le nom m¹a échappé , on y fait le plein d¹eau et ça
frappe d¹entrée .
De courts lacets nous engagent dans une faille très encaissée , on prend
rapidement de l¹altitude ( toutes choses restant relatives !!) oui c¹est
bien une faille une cassure , un rift montagnard qui se présente devant nos
roues tant il faut basculer la tête pour tenter de voir le haut des
montagnes . Je redoute par avance certains passages annoncés à 16 % ,
Philou gentiment me tient compagnie au début de cette ascension tout au long
de ces gorges , il se réserve pour la BONETTE ! et c¹est vrai que ça monte
dur , la petite route surplombe un torrent où ce pêcheur de Casernau devine
les truites dans le secret des rapides bouillonnants et des courants qui se
bousculent et se chevauchent entre les rochers .
À examiner ainsi le paysage on franchit la petite rivière sur un pont dont
le tablier est constitué par un caillebotis métallique c¹est original pour
admirer le dessous par dessusSmais ça ne dure que quelques mètres c¹est
court pour temporiser et il ne faut pas trop se laisser aller à la rêverie
l¹autre versant des gorges plus abrupt présente une succession de lacets ,
l¹allure diminue , je crois que nous sommes ici dans les pourcentages
extrêmes . 
Il est temps pour Philou de presser la cadence , ses mollets piaffent
d¹impatience et je le vois s¹éloigner tandis que la route à présent passe
dans un charmant sous-bois à la verdure engageante ; le torrent est devenu
ruisseau , le relief moins abrupt annonce le haut du plateau et offre ici
de nombreux jolis coins , certains sont occupés pour le pique-nique il ne
doit pas être loin du milieu de journée .
Malgré la température rafraîchie par l¹altitude, des touristes se prélassent
gouttant au calme et à l¹air pur au creux des dernières clairières abritéesS
c¹est ce moment que chacun a vécu où à chaque virage on pense voir le sommet
quand on ne connaît pas la région surtout lorsque les jambes commencent à
crier grâce .
J¹aborde maintenant un long bout droit , l¹horizon s¹élargit , le plateau
est là devant moi , je mouline un peu plus ça fait du bien , hélas je ne
suis pas au bout de mes peines ; soudain la route s¹élève en un raidillon
rebutant , les arbres ont disparu la végétation rase
n¹offre aucun abri , le soleil est en vacances je ne sais où depuis
longtemps , il fait froid et un petit air se promène en ces lieux décrépis 
.
Je pense à Christian qui doit déjà attendre là-haut . Je passe cet ultime 
obstacle péniblement et franchis les deux ou trois km de ce plateau balayé 
de froid où l¹on côtoie des plaques de névés dans les creux exposés au nord 
.
Isabelle est juste devant ou sur mes talons je ne sais plus trop quand 
j¹arrive à la cime et on ne s¹attarde guère malgré le point de vue 
furtivement admiré ; la frontière est vite passée en l¹absence de tout 
contrôle douanier il n¹y a d¹ailleurs pas de grosses installations ici . 
Vite vite le coupe vent et on se précipite dans la descente vers Isola 2000 
, on passe tout juste la station qui est au repos estival, lorsque au 
sortir du dernier grand virage on entend une explosion , un coup de feu ?? 
eh non c¹est l¹ami Philippe qui nous invite à une pause crevaison !! 
heureusement que la panne arrive à cet endroit où notre vitesse est réduite 
il n¹y a pas de chute , il fait beaucoup moins froid, mais le constat de 
l¹examen du pneu nous désole , la tige souple est déchirée , le boudin a 
vraiment explosé sur le côté il faudrait en trouver un neuf !!
Après la réparation Philou décide de se laisser descendre jusqu¹au village 
d¹ISOLA où on espère trouver un vélociste . Ce n¹est pas très loin et la 
route est toujours en pente on a fait l¹inventaire de nos réserves 
financières , ça colle pour un pneu ; hélas c¹est un tout petit village bien 
calme et malheureusement quasi désert . Une personne interrogée nous ôte 
tout espoir de se dépanner ici , il n¹y a rien !! la cité est pourtant jolie 
, des devantures coquettes voire cossues pour certaines montrent qu¹il y a 
eu une époque favorable de développement mais ce temps est révolu , il y a 
sans doute un service d¹accueil lors de la saison d¹hiver mais le vélo n¹est 
pas une activité fourmillante ici , d¹ailleurs on en a vu très peu .
Il faut poursuivre la sortie avec un espoir sur St Etienne de Tinée bourgade 
qui se situe au pied du col de la Bonette. Avant de continuer toutefois 
quatre estomacs réclament leur dû , la route est plate , la vallée assez 
large mais vide d¹activité coincée encore par des pentes abruptes , il y a 
là une sorte de carrière à l¹abandon dont quelques rochers nous servent de 
table pour expédier un frugal repas .
Il ne faut guère s¹attarder , cent km seulement ont été parcourus et le 
morceau qui nous attend ne sera pas franchi en deux coups de pédales . Le 
col le plus haut d¹Europe est devant nous , au bas mot trente bornes de 
montée et bien entendu des passages qui font mal , et le handicap de 
l¹altitude sur la fin (2802 m au col ). Je pense qu¹il n¹est pas loin de 
quatorze heures lorsqu¹on passe à St Etienne de Tinée .
L¹arrivée sur le bourg se fait par une piste cyclable ( ça ne confirme pas 
mon impression quant à la fréquentation du secteur par les vélos !!) il faut 
croire que Philou apprécie les risques car il n¹est plus question de 
chercher un pneu ; les gourdes sont remplies , il n¹y a plus d¹autres 
détails à contrôler , une dernière descente pour sortir des maisons la 
prochaine nous posera dans le fourgon . 
La prochaine S, la prochaine j¹aimerais la voir naturellement assez vite 
,mais en même temps le sentiment de grimper ce col exceptionnel après le 
parcours déjà effectué m¹insuffle de l¹énergie et j¹entreprends ce début 
d¹ascension avec délectation . (oui j¹en vois qui réfléchissent et qui 
disent : » mais alors ,il n¹est pas tout seul « !!) Las, quiconque a 
pratiqué la petite reine sait que face à la pente on se retrouve toujours 
seul !! 
Ça monte sans excès au début , je dirais pour donner une comparaison que 
c¹est moins dur que le Mont Lozère que ce soit au départ de Villefort ou de 
Génolhac , on s¹enfonce dans une étroite vallée arborée , la route longe un 
moment la Tinée, petit torrent alpin, pendant une douzaine de bornes .
De même qu¹avant la bourgade, il ne paraît pas y avoir ici de 
grandes activités ; plus haut la pente s¹accentue, des inscriptions 
bariolées « décorent » la chaussée lorsqu¹on aborde une paire de lacets où 
des admirateurs ont visiblement attendu les « pros » du tour , mais 
aujourd¹hui nulle clameur ne retentit sur mon passage de solitaire , la 
foule est absente, mes compagnons sont devant je ne les vois plus depuis un 
bout de temps : je ne saurais même pas dire la distance qui nous sépare , 
non je suis seul . La circulation automobile est très discrète c¹est la 
solitude quasi totale , instants favorables à la méditation à la réflexion 
en conservant toutefois un pédalage qui s¹est installé dans l¹automatisme.
On ne peut plus parler à ce niveau de fatigue , de mal aux 
jambes , ça tient plutôt de la lassitude . La légèreté dans laquelle se 
développent les images qui peuplent nos rêves de cyclistes quand on est au 
chaud , au repos,dans notre imaginaire de conquête des sommets a fait place 
à une extrême lourdeur générale les capacités ici sont confrontées aux 
limites que l¹on ne peut aborder que dans ces situations sur le terrain . 
Il y a maintenant des travaux d¹élargissement de la chaussée 
qui est parsemée de gravillons , le paysage s¹est ouvert à présent ; les 
arbres ont laissé place à de verdoyants alpages en abordant le hameau de « 
le Pra » , un feu rouge prétend ralentir ma progression et je me vois 
contraint de le « griller » , je n¹ai pas envie de m¹arrêter . L¹air est 
devenu frais .
Cependant , apercevant une fontaine entre ces quelques maisons 
, juste devant la terrasse d¹un bar restaurant ouvert et fréquenté , je 
stoppe quand même afin de compléter ma gourde ; il ne faut surtout pas 
arrêter de boire régulièrement bien que la température n¹y incite guère !!
La pente devient plus affirmée , plus agressive , plus méchante 
avec les aventureux sportifs qui la défient , les efforts fournis pour 
arriver ici ont largement épuisé les stocks du précieux glycogène et malgré 
des apports réguliers il n¹y a plus de carburant dans le réservoir enfin peu 
, trop peu pour dominer la difficulté et je subis pleinement la montagne . 
Toutes mes tentatives pour apercevoir au-dessus, dans la pente 
où je vois bien le tracé de la route, un maillot coloré de cycliste qui me 
relierait par la vision à un de mes acolytes sont vaines ; c¹est alors que 
le silence est troublé par un sympathique bruit de moteur. Ça n¹a rien à 
voir avec les hurlements rageurs entendus dans l¹Izoard , non c¹est plutôt 
un ronronnement calme , en fait ce sont deux scooters qui grimpent 
allégrement à l¹assaut de la Bonette !!
Je suis à ce moment sous une série de lacets on a la pente 
devant les yeux, je vois en haut au loin un gros troupeau de moutons qui 
soulèvent un nuage de poussière , la configuration du relief pourrait faire 
penser que le col sera atteint un peu plus haut où je distingue maintenant 
des constructions au fur et à mesure de ma progression .
Le suspens est de courte durée en arrivant plus tard sur les 
lieux , je consulte mon compteur kilométrique , le compte n¹y est pas , il 
en manque un peu , je crois que cinq à six bornes me séparent de la 
délivrance que m¹apportera le sommet ; les moutons ont laissé des petits 
souvenirs sur l¹endroit où je roule à présent et je ne cherche même pas à 
zigzaguer pour éviter les perlouses, tout ce qui demande un effort différent 
du pédalage est oublié , rejeté . La poussière est retombée , cela 
m¹inquiétait d¹avoir à traverser ce nuage à la vitesse à laquelle je circule 
, les bestiaux ont regagné la prairie rase qui teinte le paysage de verdure 
ce n¹est qu¹au bord de la route que le sol est à vif .
Je passe maintenant entre deux rangées de bâtiments abandonnés 
et en ruines pour la plupart , ils me semblent être les vestiges d¹un camp 
militaire , certaines maisons paraissent pourtant restaurées et entretenues, 
j¹y vois d¹ailleurs une voiture stationnée , probablement le départ de 
randonneurs d¹altitude S ?? 
Je quitte la zone qui a pour nom le col des Fourches, l¹altitude 
est de 2200m environ , encore 600m de dénivelée pour passer de l¹autre côté, 
c¹est pas gagné ; la route change de direction , nous étions plein nord mais 
à l¹abri du massif, on se retrouve maintenant plein est dans un 
environnement essentiellement minéral et tout à fait à flanc de montagne , à 
droite les hauteurs, la roche , à gauche le vide les éboulis et devant, la 
route qui a l¹air de monter de plus en plus !!!
Maintenant j¹ai franchement froid plus aucune énergie pour me 
réchauffer et le vent qui commence à souffler de face question de pimenter 
le final de cette longue et dure ascension ; les jambes douloureuses , 
toutes les articulations, les hanches , les genoux , les cervicales, tout ça 
est en compote , pratiquement congelé ! certainement pour moi la plus 
éprouvante des grimpettes devant lesquelles je me suis attablé et c¹est un 
repas Sfroid !!!
Plus loin je commence à imaginer les contours du col ; le ciel 
est gris, couvert, je distingue à contre jour la crête de cette fichue 
montagne et si je me rappelle bien il y a indiqué au sol les 1000 et 500 m 
avant le G P M et bien je peux vous dire qu¹ici les mètres sont très longs , 
au moins trois à quatre fois plus longs qu¹en bas ; c¹est essentiellement un 
problème de physique , de même que le métal s¹allonge à la chaleur , les 
kilomètres s¹allongent au froid et tout ça est multiplié par un facteur qui 
tient compte de la taille des cuisses , du V O 2 MAX du moral et de quelques 
autres paramètres qui évoluent avec l¹altitude.(pour les intéressés je tiens 
la formule à leur disposition , prévoir un peu d¹aspirine !)
Et c¹est comme ça que soudain la route s Oaplanit , je suis au 
col !! EDWIGE , ANNE et JACKY m¹apparaissent sortants de nulle part , 
frigorifiés comme moi S mais que font-ils là ? il y a si longtemps que je 
suis seul concentré dans l¹effort , ce n¹est certes pas ici , en haut de ce 
col glacial et inhospitalier que je pensais retrouver de la chaleur humaine 
!!
Rapides congratulations et Jacky me demande si je monte à la 
cime de la Bonette ??mais j¹y suis que je lui dis , il me montre alors une 
petite route qui se dresse comme un défi à la souffrance et qui amène 60m 
plus haut ,au plus haut passage routier européen , Isabelle y est me dit-il 
. Je la croyais déjà dans la descente . 
Non , pour moi c¹est fini , le col franchi je n¹ai aucune envie 
de gratouiller plus haut dans les brumes glaciales , le froid me pénètre et 
domine ma réflexion Sil faut vite se réchauffer , descendre , descendre , 
descendre c¹est l¹obsession !!
Le coupe vent enfilé je me laisse glisser sur la portion de plat 
qui ouvre vers une issue espérée et je m¹abandonne littéralement et 
goulûment à l¹autre face de cette montagne , celle qui ne va plus me 
demander d¹efforts , celle qui me place idéalement par rapport aux lois de 
la pesanteur !!Voilà j¹y suis ,ça descendS il faut rester prudent cependant 
et ne pas se laisser gagner par le tremblement qui transmet un mouvement 
dangereux sur la roue avant , les patins de freins mordent les jantes avec 
précaution .
En bas un semblant de chaleur me ragaillardit ,quelques tours de 
pédales pour rejoindre Jausiers et enfin s¹asseoir et se délecter du confort 
du fourgon de Christian pour goûter au repos qui clôture une éprouvante 
journée . 


JEUDI 5 AOÛT

Pour moi c¹est jour de repos , ballade au marché de 
Barcelonnette avec Edwige et tourisme dans les environs S

VENDREDI 6 AOÛT

Le temps s¹est amélioré aujourd¹hui ; en rentrant mercredi en 
fin de journée de la « sortie épique » c¹était couvert et hier il a plu pour 
la virée au col de Vars qui a rassemblé les meilleurs éléments d¹entre nous 
dont je n¹en étais pas . Je devais requinquer les petites gambettes qui ont 
beaucoup donné mais qui doivent encore aligner des kilomètres pendant 
quelques années pour peu que je les ménage bien entendu .
Il fait donc beau ce matin , un peu frais le long de l¹UBAYE à 
la sortie de Barcelonnette , rapidement on prend à gauche la route est large 
, cet endroit ressemble à une esplanade dans une accueillante forêt très 
dégagée , un lieu qui invite à l¹oxygénation à la détente S Hubert et Roger 
partis plus tôt en éclaireurs précèdent une petite troupe formée d¹Isabelle 
, de son « jules » Christian , de l¹insondable Philippe , du vigoureux 
Charly , du courageux Jacky, d¹Amador « l¹increvable », Jurek est là aussi 
dans sa splendeur musculaire et je complète ce fier rassemblement de 
cyclistes partis à l¹assaut du col de la CAYOLLE qui va chercher une 
descente quelque part là-haut à 2327 mètres.
Très vite la chaussée se rétrécit quand on pénètre dans les 
gorges du Bachelard un affluent de l¹Ubaye , on est instantanément encadrés 
entre deux falaises à la verticalité impressionnante alors qu¹on franchit le 
torrent quelques km seulement après le départ .
Ça y est on est déjà lancés , je me retrouve à l¹avant en binôme 
avec Charly qui comme à son habitude adopte un rythme de pédalage rapide et 
fluide , on se prend quelques relais sans attendre le reste du groupe , je 
me retourne , ne vois personne revenir Sles jambes répondent bien après le 
repos d¹hier , je décide de ne pas trop attendre , les costauds démarreront 
quand ils le voudront !!!
La dénivelé n¹est pas violente dans les petits pif paf que fait 
la route jusqu¹à Villard ­d¹Abas , je rejoins les deux éclaireurs dans le 
petit coup de cul avant le hameau où la route nous offre une portion de plat 
, Charly a levé le pied , je me retrouve seul , mais ce sera de courte durée 
, derrière ça a mis en route S.
Cette quasi descente est mise à profit pour allonger la foulée , 
je me paie le luxe de mettre la plaque sur mille à quinze cents mères et 
reprends un cyclo belge ou néerlandais sitôt, passé le bled de st Laurent . 
Le coco s¹accroche et prend ma roue ; sur ces entrefaites Christian me passe 
, enfin , nous passe, le gars et moi sans coup férir . On le voit prendre de 
l¹avance et disparaître au gré d¹une courbe ; comme on a tous deux le 
maillot du club mon nouveau compagnon a bien entendu capté qu¹on est 
ensembles, lorsque un peu plus haut on aperçoit Christian arrêté en bord de 
route . Le mec me lance alors : « lui trop vite , il fatigué !! » tout ça « 
avec l¹accent rugueux et convaincu » un brin moqueur S.
Sans me retourner je balance la tête et lui lance : « non , 
lui pas fatigué !! » Sde fait en arrivant à sa hauteur mon compagnon 
constate la raison de l¹arrêt ,..Christian s¹est calé derrière le viseur 
pour la photo et quelques centaines de mètres plus loin alors que la pente 
marque une nette augmentation de la déclivité au passage de deux sévères 
épingles notre confrère a compris la différence de cylindrée !!! rideau !
Le moral en a sûrement pris un coup et l¹identité de maillot 
fait le reste , ce collègue disparaît dans mon rétro alors qu¹on imagine au 
profil de la montagne que le col est à portée de pédales . 
Voilà qu¹un autre danger menace , Philou me reprend dans les 
derniers lacets et Charly est sur mes talons à la fin de cette montée , il 
a su attendre son heure et me grille la troisième place sur la ligne !! Il 
fait un beau soleil au col de la Cayolle et calés dans les abris qu¹offrent 
les rochers et en grignotant on patiente jusqu¹à l¹arrivée de toute l¹équipe 
. 
C¹est ici le RDV de nombreux randonneurs et il y a beaucoup de monde ; il 
faut dire que le soleil qui brille suscite les motivations Saprès la pause 
tandis qu¹Hubert et Roger font demi-tour on avale la descente qui nous 
conduit à travers un paysage d¹éboulis et de ravins jusqu¹à Entraunes puis 
st Martin d¹Entraunes où l¹on retrouve un air chaud et étouffant en prenant 
à droite la direction du col des Champs.
C¹est une route large et une ambiance qu¹on pourrait imaginer 
dans notre région, qui dessert ce col ; chaleur, forêt de pins maritimes 
pente modeste au départ , enfin quand je dis modeste il doit bien y avoir du 
6 à 8 % ce qui bloque un peu naturellement , mais tout le monde grimpe 
correctement après avoir adopté chacun son rythme . On est dans les arbres 
encore sur deux , trois km puis voici un carrefour , pour nous c¹est tout 
droit , dommage , j¹aurais bien pris à gauche car devant nous se présente un 
raidillon sans une courbe , un truc à saper le moral quand tu le regardes 
Sça transpire fort , on dépasse là un gars qui fait le même parcours ( on 
l¹a vu à la Cayolle) et qui a son épouse en intendance dans une bagnole 
immatriculée aux Pays-Bas ainsi qu¹un couple qui lui a choisi de pédaler de 
concert et qu¹on a aussi aperçu avant .
La pente se calme ensuite quelques centaines de mètres au petit 
carrefour de Pra-Pelet, le nom bien sûr n¹est pas le fruit du hasard , il 
n¹y a plus beaucoup d¹arbres , la température a baissé , ce sont maintenant 
les classiques prairies d¹estive que nous traversons jusqu¹au col . Arrivée 
au sprint avec Philou sur la portion plane qui caractérise le franchissement 
de ce col des Champs . L¹air est à présent nettement plus frais qu¹au col 
précédent , mais on s¹arrête malgré tout pour assurer le rassemblement des 
effectifs tout en mangeant chacun sa collation.
La descente est exécrable , étroite , macadam détérioré , la 
chaussée traversée en de nombreux endroits de caniveaux en dos d¹ânes que 
l¹on ne franchit qu¹au ralenti , c¹est la plus mauvaise route de tout ce 
séjour dans les Alpes ; sur la partie haute ça tressaute et ça bouscule le 
confort s¹améliore légèrement vers le bas , si ce n¹est l¹étroitesse de la 
route qui rend même les croisements un peu dangereux .
On retrouvera ici dans une épingle notre hollandais victime 
d¹une crevaison , heureusement S.Mevrouw (Madame) est là !! À Colmars il 
faut faire le plein d¹eau car les vallées sont envahies de la chaleur 
estivale , et ce ne sera pas un gros problème si ce n¹est qu¹il faut aller 
au faubourg de la cité en contre bas de notre itinéraire , il faudra donc 
remonter , je signale ce détail mais à ce point du parcours les jambes 
entament doucement leur longue plainte et tout kilomètre superflu est 
malvenu !!
Repartant de là je m¹arrête dans une grande courbe et me mets à 
l¹écart pour satisfaire ce qu¹on nomme habituellement un besoin naturel , 
bref Spour pisser ! ( ça se dit aussi)
Les autres ayant soulagé leur vessie auparavant , je me retrouve 
éloigné lorsque la dernière goutte est évacuée ; je repars donc esseulé et 
vous qui pédalez savez le déficit de rendement qu¹il y a entre un homme seul 
et un groupe , je vais devoir batailler ferme durant deux ou trois bornes 
pour distinguer mes compagnons au loin et autant pour rattraper le groupe un 
peu après Allos entre la Baumelle et la Foux . Sur cette portion du trajet 
la route en faux plat montant emprunte une belle vallée , et Allos est une 
coquette bourgade accueillante et fleurie , je me suis laissé dire qu¹on y 
déguste un fameux jambon !! S ( quand l¹occasion se présente il est bon de 
se laisser aller , et celle-là je ne pouvais pas la rater !!!) 
Regroupement donc avant d¹attaquer la dernière bosse du jour qui 
nous fera basculer vers Barcelonnette dés qu¹on aura monté nos carcasses à 
2240 m , Jacky qui a décroché il y a un bout de temps manque cependant à 
l¹appel lorsqu¹on commence à remonter les pignons à la station de la Foux 
d¹Allos . Christian temporise dans les premiers hectomètres et le peloton 
est encore groupé au sortir du village .
C¹est lui qui prenant son tempo étire le paquet et ouvre les 
hostilités ; je prends aussi mon rythme et décroche du trio Isabelle Charly 
Jojo dans les premiers lacets où s¹élèvent les derniers pins , la pente me 
fait penser au Finiels avec ses virages bien marqués , naturellement ça 
grimpe plus longtemps S les jambes répondent bien et je rejoins Philou pour 
le reste de l¹ascension ; le trou est fait avec les poursuivants , je 
mouline bien , Philippe lui tire un plus gros braquet que moi comme à son 
habitude . Bien entendu on ne rejoint pas Christian malgré nos efforts 
conjugués , il nous attend en haut « à la calée » derrière un talus exposé 
au sud . Joli col que le col d¹Allos , à la pente régulière sans passages 
trop dur c¹est moins long que la Cayolle et moins difficile que les Champs 
il n¹en faut toutefois pas plus pour moissonner suffisamment de fatigue et 
de douleur pour aujourd¹hui . À l¹arrivée de la compagnie, les flashs ayant 
suffisamment crépité , personne n¹a envie de camper ici et chacun descend à 
sa main .
Le décor change totalement de l¹autre côté , des abrupts 
impressionnants , des ravins vertigineux , la montagne est ici taillée à la 
hache , et comme la route n Oest pas en excellent état je fais une descente 
prudente , m¹arrêtant même par deux fois pour admirer ce concerto géologique 
que sont les gorges de la Malune , le malheureux Jacky ira au tapis dans 
cette partie du circuit sans gros dégâts heureusement .

SAMEDI 7 AOÛT 

La der de der devait nous amener encore une fois en Italie et 
d¹ailleurs on y a fait une courte intrusion ,(quelques mètres S) mais 
l¹ambitieux programme de Christian nous réservait des difficultés d¹une 
autre dimension qu¹aucun de nous n¹a voulu affronter , fatigue , perspective 
de fin de séjour ?? la motivation n¹y était pas ; il s¹agissait passé le col 
Agnel de descendre en Italie au village de Castelfino et de remonter à 
partir de là pour reprendre le même col soit 25 à 28 km de descente et bien 
sûr la même distance au retour sur un col réputé très dur ( passages à 15%) 
du côté italien. Philou a horreur des descentes , et personne ne voulait 
remonter SalorsS( ici j¹amorce un haussement d¹épaules que vous ne pouvez 
pas voirS)
C¹est encore du beau temps qui nous attend à Guillestre dont on 
n¹oubliera ni le nom ni la charmante placette « notre « base de départ . 
Effectif un peu réduit pour cette ultime virée du séjour dans les Alpes ; 
Jacky est au repos après sa chute d¹hier , et Charly appelé à partager ce 
week-end avec sa dulcinée est allé retrouver les chaleurs gardoises . Je ne 
retrace pas le circuit dans sa partie initiale vu qu¹il se calque au 
centimètre près sur celui de la journée Izoard jusqu¹au croisement qui donc 
sépare les deux directions après une vingtaine de bornes .
On prend là , la route toujours très large et fréquentée qui 
passe par Château-Queyras petite bourgade pittoresque autant par son vieux 
monument que par les deux étroits tournants qu¹il faut franchir pour y 
accéder ce qui occasionne force bouchons en cette période migratoire et 
aussi par son gentil coup de cul (pour les cyclistes s¹entend !) . Judicieux 
emplacement que ce pic coincé entre une falaise et la rivière pour installer 
une place forte dans la vallée , stratégie , stratégie S.
Pour le moment le profil de la route est plat légèrement montant 
, les muscles ont doucement pris la température de fonctionnement quand nous 
tournons à droite à Ville Vielle, c¹est dans un bel ensemble que l¹équipe se 
présente devant la première côte de la journée , et on peut dire que le col 
commence là , bien qu¹on soit encore sur l¹axe qui dessert ST VÉRAN . 
Chaussée large , beaucoup de circulation pour cette destination touristique 
, la pente ressemble au col de PORTES durant deux à trois km puis on quitte 
la grande route vers la gauche et là ça a maigri de moitié pour ce qui est 
de la chaussée.
La « course « est lancée Christian et Philippe sont partis au 
train ( « gare,gare » à ces deux cocos , il partent souvent au train !!) 
c¹est mauvais ?? ah tant pis c¹est écrit . En tous cas je ne les vois plus 
que de très loin dans ce paysage extrêmement ouvert et dégagé qui est au 
pied du col ; des grandes prairies évoquent là aussi la présence de 
l¹activité pastorale habituelle et si tout ça sur le papier a un goût de 
remâché on peut quand même affirmer qu¹aucun col ne se ressemble , ils 
recèlent chacun leur lumière leur contour leur perspective qui renouvellent 
à chaque fois le plaisir de les aborder. Bon ça monte, ça monte toujours 
régulièrement jusqu¹à Fontgillarde qu¹on finit de traverser par un petit 
raidard méchant qui bouscule cette régularité que par ailleurs on ne 
retrouvera plus jusqu¹en haut !
En effet le profil s¹aplanit après le hameau , il y a même une 
légère descente alors qu¹on s¹enfonce dans la vallée ; je vois des cyclos 
qui redescendent couverts jusqu¹au menton mais dans ce sens il ne fait pas 
froid du tout et tout à coup ce sont des escaliers qui font face . De forts 
pourcentages sur cent ,cent cinquante mètres , un bout plus calme et c¹est 
reparti jusqu¹ à l¹attaque des lacets qui concluent les derniers km de la 
grimpée .
Le final dans le froid est très pentu, très dur , Jojo Isabelle 
et Amador ne nous ferons heureusement pas attendre trop longtemps . ( 
chapeau Amador !!!) Nous sommes installés au soleil parmi les magnifiques 
fleurs d¹altitude sur le versant italien , mais à 2746 mètres même au soleil 
ça caille ferme !!La pente côté italien est impressionnante Set puis S 
Philou n¹aime pas les descentes , alors à une autre fois peut-être ??? 
Il doit se dominer cependant et , écartant au maximum le genou 
gauche, relevant la tête il s¹élance dans la pente du côté France ; JOJO 
toujours à l¹affût d¹uneSfantaisaie va tâter du bitume juste devant les 
roues de la bagnole d¹un médecin S Courageux , mais pas téméraire le gars , 
il est vrai qu¹il faut avoir le sens du risque et bien calculer son coup , 
chapeau Jurek je n¹ai pas su en faire autant de côté de Bessèges !!
Allez ,on descend, après quand même un rapide examen du 
cascadeur de service , il n¹y a pas de gros bobos , c¹est du costaud, du 
musclé . Pour agrémenter le retour on va passer par ST VÉRAN . Nous devons 
remonter les pignons pour accéder au très joli village et j¹avoue que ce ne 
fut pas un grand plaisir que ce petit circuit grimpant dans les pins , il 
est temps pour moi de reposer la musculature !!!
Le bled est sympa, et rien que de savoir que Mimi et Cricri 
seront ici dans quelques jours ça donne un certain charme à ces vieilles 
bâtisses aux balcons fleuris de géraniums vouées pour la plupart aujourd¹hui 
au tourisme , il faut dire que c¹est tellement beau et grandiose que l¹on 
comprend les amateurs de calme et de randos. Je plains toutefois Christine 
car il paraît qu¹elle vient avec son vélo , notons qu¹elle n¹est pas obligée 
de le sortir du 807 !
Bon , pour cette année c¹est le dernier retour d¹une super 
journée malgré la fatigue ( en tout cas pour moi) vraiment ces sorties en 
haute montagne sont des moments d¹un intense plaisir et je vous prie encore 
de pardonner le piètre niveau de « littérature » que je vous propose car 
tout ceci se résume naturellement à des montées et des descentes des moments 
de forme d¹autres de galère et des images de ces montagnes qu¹il faudrait 
filmer pour en faire partager les beautés . 
Pour se faire encore un petit plaisir on va rentrer ( avec les 
véhicules) par la route du col du VARS , à Vars même, après un vote au 
résultat stalinien on s¹accorde une mousse fraîche à la terrasse 
copieusement ensoleillée d¹une auberge .
Voilà , certains sont déjà rentrés, d¹autres sur le chemin du 
retour , les au revoir fusent de toutes parts ce Dimanche matin et pour tous 
vivement que je les retrouve à l¹occasion de futures vacances . Avant de 
partir de Méolans les derniers de l¹équipe iront faire le tour de la 
chapelle perchée sur le piton qui domine le hameau pour le coup d¹¦il final 
, belle image , S il me reste pour conclure à remercier encore une fois pour 
leur dévouement ceux qui ont ¦uvré pour l¹organisation de ces rencontres , 
Hubert, Christian, Isabelle Sbravo !!! 
Et zou! à la prochaine.